La restriction cognitive. C’est une des formes de comportement alimentaire dérégulé, dans certains cas un trouble du comportement alimentaire, elle consiste à contrôler son alimentation intentionnellement dans le but de contrôler son poids. C’est en 1970 qu’elle fût définie pour la première fois par deux psychologues canadiens, Peter Herman et Janet Polivy. Nous la retrouvons aujourd’hui de manière très répandue sous des trais plus ou moins marqués, il en existe 4 stades : la restriction cognitive légère, modérée, sévère et décompensée. L’intensité de la restriction est définie par, la présence, ou l’absence, de sensations alimentaires, le degré de pensées autour des aliments et la place des émotions dans les prises alimentaires.

Restriction Cognitive

  • La restriction cognitive légère, les sensations alimentaires sont ressenties mais pas écoutées. « Il est 16h30, j’ai faim, je ne dois pas manger car je ne dois pas grignoter. »
  • La restriction cognitive modérée, les sensations alimentaires sont également ressenties et pas écoutées du fait de pensées et d’émotions négatives. « Je sens bien que je n’ai plus faim, le fromage est tellement bon que je n’arrive pas à m’arrêter. Pourtant je ne devrais pas, le fromage ça fait grossir. »
  • La restriction cognitive sévère, les sensations alimentaires sont absentes au bénéfice des pensées et du contrôle alimentaire exercé. « Je ne sais pas si j’ai faim ou envie de manger. Si je dîne, c’est parce que c’est l’heure. Je ne prends que des légumes, je mange léger. Les féculents le soir font grossir. »
  • La restriction cognitive décompensée, les sensations alimentaires sont totalement absentes et l’alimentation en perte totale de contrôle. « J’ai tout le temps envie de manger des aliments que je ne devrais pas sans réussir à m’arrêter. »


La restriction cognitive passe souvent inaperçue, elle répond aux règles alimentaires entendues dans les médias et parfois aux règles éducatives familiales. Lorsqu’elles sont légères, elles ne posent pas de problème particulier. C’est fréquemment à l’issue d’un évènement de la vie qu’elle est amenée à se développer. Un mariage où il faut entrer dans sa robe, une grossesse, des vacances particulièrement copieuses et appétissantes, évènements suite auxquels une prise de poids est constatée. En réponse arrive le régime, plus ou moins drastique, il consiste à contrôler l’alimentation pour revenir à un poids « normal ». Les apports caloriques sont restreints, le choix des aliments également et dans ces conditions, le poids peut, ou pas, diminuer. La restriction construit la frustration ; « Je mangerai bien un dessert mais ce n’est pas bon pour mon régime ». Le contrôle ne pouvant s’exercer de manière continue, le craquage guette et la lutte s’installe. Finalement, « Je n’ai pas pu résister », le craquage fini par arriver. Puis plusieurs car « Je ne suis plus à ça près », le poids perdu revient et même plus. Et ainsi de suite dans l'alternance entre contrôle et perte de contrôle…

La restriction cognitive se « traite ». L’Homme n’a jamais eu besoin de compter ses calories, ni de contrôler ses choix alimentaires pour manger et être en bonne santé. Il suffit de constater l’évolution des choix alimentaires depuis la préhistoire jusqu’à aujourd’hui et d’observer les traditions alimentaires culturelles. L’Homme a su diversifier son alimentation, élément fondamental pour la survie de l’espèce. Manger est un acte animal, vital et instinctif. Il répond à des sensations alimentaires telles que la faim, les envies spécifiques, le rassasiement et la satiété. Le but de l’organisme est de nous guider suffisamment bien pour nous permettre de nourrir correctement notre corps. Manger est plus un acte corporel que cérébral. Dès lors que les pensées et jugements alimentaires sont négatifs, il devient très difficile de laisser la juste place à l’alimentation, celle de nous nourrir. L’autre partie du travail consiste à reprendre les pensées et croyances alimentaires et les rendre bienveillantes.

Pour qu’un aliment soit bon à manger, il doit être bon à penser…