Anthelme Brillat Savarin disait : « La gourmandise est ennemie des excès ». Il pourrait bien avoir eu raison…

La gourmandise est définie par Le Larousse comme un caractère, comme « le défaut du gourmand » mais également comme « des mets appétissants parfois appelés friandises ». Une définition plutôt paradoxale, et comment comprendre que « succomber » au plaisir de savourer des mets appétissants pourrait constituer un défaut ? L’alimentation doit-elle être savoureuse et plaisante ou au contraire insipide ?

Le gourmand supporte, selon Le Larousse, plusieurs définitions allant de « celui qui aime manger en quantité de bonnes choses » à « celui qui est avide et passionné » en passant par « celui qui est amateur et friand de quelque chose ». Ces définitions correspondent au nom commun, mais gourmand peut également être adjectif, soit « qui dénote la gourmandise, le vif désir de quelque chose ».

Il serait donc juste d’associer à la gourmandise le désir, l’appétit et le plaisir de manger. Bon nombre de mes patients arrivent lors du premier rendez-vous en annonçant « Je suis gourmand ! », comme si la gourmandise était une faute, un défaut. Ce à quoi je réponds très souvent « Mais c’est une bonne nouvelle ! » Nos gourmandises révèlent qui nous sommes, d’où nous venons. Elles nous rattachent à nos saveurs d'enfance. Ces friandises, ou leur simple évocation, font briller les yeux des enfants que nous avons été. Nos Madeleines de Proust.

La gourmandise peut s’accepter telle qu’elle est, comme un plaisir, comme une incursion du passé dans notre présent. Elle trouvera alors sa modération toute seule. Tel est certainement le message de Mr Brillat Savarin. Une lutte contre la gourmandise la rend inexorablement plus forte et plus intense. Elle devient un pêché auquel il ne faut surtout pas succomber. La tension générée se transforme parfois en frustration, en combat pour résister à l’objet du désir. L’envie et « l’appétit » n’en deviennent que plus grands jusqu’au moment où les armes sont posées et l’aliment consommé… En excès le plus souvent. « Ça faisait plusieurs jours que j’avais très envie de manger du chocolat mais je sais bien qu’il ne faut pas, c’est de la gourmandise. J’ai fini par craquer et n’ai pu m’empêcher de manger toute la tablette. » Dans cet exemple un peu cliché mais tellement réel, on entend bien la lutte contre le désir de manger du chocolat, la lutte contre la gourmandise. C’est cette lutte précisément qui induit la consommation de la tablette entière. Le comble se situe dans le demi plaisir éprouvé, agrémenter d'une culpabilité certaine.

Peut-être que la première gourmandise, envie de chocolat, ne se serait soldée que par quelques carrés ? Une première gourmandise, simple, plaisante et surtout savoureuse.